LA COUVERTURE SANITAIRE UNIVERSELLE ET LA COVID-19

Journée mondiale de la santé 2021
”mettre l’équité au cœur du relèvement post-COVID-19”

La COVID-19 a frappé tous les pays de plein fouet, mais ce sont les communautés déjà vulnérables qui ont été le plus cruellement éprouvées. Ces groupes sont plus exposés à la maladie, moins susceptibles d’avoir accès à des services de santé de qualité et moins à l’abri des conséquences négatives des mesures mises en œuvre pour contenir la pandémie.

OMS

Dans ce contexte de pandémie, je souhaite revenir sur celui de la journée mondiale de la santé de l’année 2019, qui se consacrait à la couverture universelle pour tous, qui fait lien avec cette volonté d’équité dans la gestion de cette crise sanitaire mondiale.

 

La couverture sanitaire universelle, plus que jamais au coeur de nos préoccupations en ces temps de pandémie de Covid-19

Un 7 avril de plus est consacré à la Journée mondiale de la santé. C’est pourquoi l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) ont lancé une campagne, en 2019, ayant pour devise la couverture sanitaire universelle (OMS) et la santé universelle pour tous (OPS), partout dans le monde.

Le sens de la campagne est identique, cependant la devise américaine a une profondeur qui manque à l’OMS. Avant de développer les différences et leurs implications, je voudrais faire un rappel historique pour comprendre le sens de ces campagnes et leur véritable ancrage.

 

SOINS DE SANTÉ PRIMAIRES, ALMA ATA, 1978

On ne peut éviter de rappeler la devise de la Conférence internationale sur les soins de santé primaires à Alma Ata en 1978, à laquelle ont participé des représentants de 134 pays, en l’absence de la Chine, et de 67 organisations non gouvernementales.

La devise choisie était la santé pour tous en l’an 2000 et l’outil choisi pour atteindre un objectif aussi ambitieux était le développement du modèle des soins de santé primaires (SSP).

Il est clair que l’objectif d’Alma Ata non seulement n’a pas été atteint en l’an 2000, mais de nombreux auteurs ont souligné à la fin du siècle que l’écart de santé s’est creusé, avec de graves inégalités dans le développement des systèmes de santé sur base des indicateurs comparés entre pays pauvres et pays riches.

Il ne semble pas non plus que la politique de santé ait été orientée vers la promotion de modes de vie sains et la protection de l’environnement, augmentant de façon exponentielle les coûts des soins de santé.

 
 

à propos du RAPPORT LALONDE

Quatre ans avant Alma Ata, un document d’un énorme impact international a été publié en 1974. Le Lalonde, qui tire son nom du ministre de la Santé du Canada de l’époque Marc Lalonde (rapport publié conjointement avec Maurice LeClair et l'équipe d'Hubert Laframboise, intitulé “Nouvelle perspective sur la santé des Canadiens”), a établi le concept de déterminants de la santé, soit un ensemble de facteurs personnels, sociaux, économiques et environnementaux qui déterminent l’état de santé des individus ou des populations.

Le rapport définit quatre grands groupes de déterminants :

  • la biologie,

  • l’environnement,

  • les modes de vie,

  • et les soins de santé.

Étonnamment, l’impact des soins de santé est de seulement 11%, tandis que les modes de vie et l’environnement représentent respectivement 43% et 19%.

Au contraire, l’investissement dans la promotion de modes de vie sains était de 2% tandis que le système de santé consommait 92% du total.

 

LA DERNIÈRE RECOMMANDATION DE CE RAPPORT LALONDE

La stratégie des soins de santé primaires (SSP) reflète largement le message de Marc Lalonde et attribue un rôle moteur à la promotion de la santé, de la participation citoyenne, de la gestion de l’environnement et de l’intégration des médecines traditionnelles *.

* Selon la définition officielle de l'OMS, la médecine traditionnelle « se rapporte aux pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui impliquent l’usage à des fins médicales de plantes, de parties d’animaux et de minéraux, de thérapies spirituelles, de techniques et d’exercices manuels – séparément ou en association – pour soigner, diagnostiquer et prévenir les maladies ou préserver la santé ».

C’est sans doute cette dernière recommandation, faite à Alma Ata, qui a reçu le moins d’attention de la part des institutions internationales dans les années 80 et 90.

Bien qu’il n’y ait aucun endroit au monde où les médecines traditionnelles - ne soient pas pratiquées, la plupart des pays n’ont manifesté aucun intérêt à identifier leurs propres connaissances, attitudes et pratiques de ces cultures ancestrales de guérison. Il existe cependant des exceptions notables et tardives parmi les pays occidentaux, notamment intégrées dans les systèmes de santé des pays de l’Est Européens, ceux dont les économies les ont conduits à ne pas négliger les médecines traditionnelles face au développement contraignant de l’industrie pharmaceutique et électro médicale.

Cependant, l’Organisation mondiale de la santé, compte tenu de l’augmentation de la présence de la médecine traditionnelle et complémentaire (MTC) dans le monde et de la nécessité de normaliser et de réglementer son exercice, a publié la Stratégie de l’OMS sur la médecine traditionnelle 2002-2005récemment renouvelée dans la Stratégie 2014-2023.

Dans la section de la justification de la stratégie, certaines données qui expriment la pertinence actuelle de l’usage des médecines traditionnelles et complémentaires (MTC) sont collectées. Selon le rapport, plus de 100 millions d’Européens utilisent actuellement les MTC dont un cinquième d’entre eux recoure régulièrement aux MTC, et une proportion similaire préfère les soins de santé qui incluent les MTC. Le nombre d’utilisateurs des médecines traditionnelles est beaucoup plus élevé en Afrique, en Asie, en Australie et en Amérique du Nord.

En Australie, le nombre de visites chez des professionnels de la médecine complémentaire, par exemple des acupuncteurs, des chiropraticiens et des naturopathes, a augmenté rapidement de plus de 30% entre 1995 et 2005, année au cours de laquelle 750 000 visites ont été enregistrées en seulement deux semaines.

 
Une population croissante s’oriente vers les médecines traditionnelles telles que l’acupuncture

Une population croissante s’oriente vers les médecines traditionnelles telles que l’acupuncture

À PROPOS DE L’ACUPUNCTURE

Selon les données fournies à l’OMS par 129 pays membres sur l’utilisation de l’acupuncture103 pays la considèrent comme une pratique reconnue, 29 l’ont réglementée et 18 l’ont incluse parmi les avantages du système de santé publique.

D’un point de vue économique, les causes de l’utilisation de la médecine traditionnelle chinoise sont croissantes. Dans tous les modèles d’utilisation étudiés au cours de la dernière décennie, “la pratique des soins de santé par l’acupuncture a augmenté car les utilisateurs préfèrent prendre davantage soin de leur propre santé“, est l’une des raisons majeurs qu’une population de plus en plus importante s’oriente vers ces médecines traditionnelles.

 

STRATÉGIE NUMÉRO 3 DE L’OMS

La stratégie 3 de l’Organisation mondiale de la santé, destinée à “promouvoir la couverture sanitaire universelle par l’intégration des MTC dans les prestations de services de santé et des soins de santé …“, garantit que les utilisateurs peuvent prendre des décisions éclairées concernant les soins de leur propre santé.

Selon l’OMS, les études indiquent que les gens recourent aux médecines traditionnelles complémentaires (MTC) pour diverses raisons, dont “obtenir plus d’informations afin d’accroître les connaissances sur les options disponibles, dû à une insatisfaction croissante à l’égard des services de soins de santé existants, et un intérêt renouvelé pour les “soins intégraux de la personne” ainsi que la prévention des maladies, aspects fréquemment associés aux MTC“.

De plus, les MTC reconnaissent la nécessité de mettre l’accent sur la qualité de vie lorsque la guérison n’est pas possible.

 
 

L’OMS et les médecines traditionnelles

L’OMS souligne un avantage fondamental pour la médecine traditionnelle chinoise qui intègre une vision holistique de la santé et de la maladie. C’est l’un des piliers fondamentaux de cette pratique thérapeutique qui considère que la santé et la maladie répondent à des enjeux multi-factoriels :

  • le style de vie

  • l’alimentation

  • l’environnement familial

  • l’environnement de travail

  • l’émotion,

  • les pensées

  • l’environnement naturel

Pour guérir ou prévenir la maladie, il est nécessaire d’évaluer chaque personne selon cette vision intégrale, en utilisant des techniques telles que l’acupuncture, la moxibustion, le massage chinois (Tui Na), le Qi Gong, et d’autres pratiques de l’énergétique traditionnelle chinoise.

Dans cette nouvelle stratégie, l’OMS note : “La médecine traditionnelle, dont la qualité, l’innocuité et l’efficacité ont fait leurs preuves, permet de garantir à tous l’accès aux soins de santé.”  

L’OMS reconnaît également que “… de plus en plus de données confirment que l’inclusion des MTC dans les plans de couverture sanitaire universelle peut alléger la pression sur les systèmes de soins de santé et en réduire leurs coûts. Cela explique pourquoi il est important que les États membres réfléchissent à la manière d’intégrer plus largement les MTC dans leurs systèmes de santé et leurs plans de couverture sanitaire universelle.”

L’intégration des MTC dans le système de santé publique le rend économiquement viable et lui permet de concrétiser la devise de l’OMS

couverture sanitaire universelle (OMS) et la santé universelle pour tous (OPS), partout dans le monde

 
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